XII

Le lourd Catalina glissa sur les eaux calmes du marais, prit de la vitesse et, lentement, s’éleva. Il vira sur l’aile, pointant son avant, par-dessus la jungle hostile, vers la mince veine d’argent du Haut Santa-Anna.

Morane était seul à bord, et il se demandait s’il réussirait à mener à bien la mission qu’il s’était assignée : découvrir le moyen d’anéantir la petite armée aérienne de Porfirio Gomez, destruction dont dépendait la liberté du peuple de Zambara tout entier. Au moment où il partait ainsi pour une action exaltante, il se rendait compte combien le trésor de Montbuc le Flibustier était passé au second plan. Plus personne d’ailleurs n’y avait songé, ou à peine, depuis la capture de Porfirio Gomez, tellement la nécessité d’une attaque rapide et efficace contre la tyrannie se faisait sentir avec acuité. Ainsi, Montbuc, au cours de sa vie de rapines, passée à attaquer les navires apportant en Espagne l’or des Amériques, avait amassé des richesses pour s’ingénier ensuite à les dissimuler au fond de la forêt tropicale et maintenant, ces richesses, une fois découvertes, semblaient ne pas avoir plus de valeur pour les hommes qu’un peu de terre desséchée.

À présent, l’hydravion survolait le rio, dont les méandres faisaient penser à quelque python fabuleux cherchant sa route à travers la jungle. De-ci, de-là, une cabane au toit couvert de palmes, refuge de récolteurs de caoutchouc ou d’orpailleurs, se dressait, minuscule, sur les rives, rappelant la présence des hommes dans cet océan de verdure où, seule, l’inexorable loi de la nature dominait. Parfois, au loin, une nappe de fumée montait et une vaste traînée rousse, pareille à une tache de lèpre qui s’étendait, marquait la place d’un incendie. Plus loin encore, sur la droite, on apercevait une ligne de collines noyées de brume, au sein desquelles étaient peut-être enfouis les secrets d’anciennes civilisations mortes, comme celle des Mayas.

Peu à peu, le rio s’élargissait et ses méandres devenaient plus amples. C’était à présent un fleuve puissant, drainant des tonnes de boue. Sur la gauche, le rio Curupiri vint se joindre au Santa-Anna et, au-delà, Bob aperçut les bâtiments en rondins de la garnison militaire. Il sourit en pensant qu’en reconnaissant l’hydravion de Gomez les hommes, en bas, ne soupçonneraient pas un seul instant ce qui se passait en réalité.

Mais déjà, les bâtiments étaient dépassés et, sur l’horizon, on décelait, encore noyé de brume, le large delta marécageux de l’embouchure de la rivière et, tout près, la tache blanche de Cuidad Porfirio avec, au-delà, l’étendue bleutée de la mer.

Insensiblement, le Catalina se rapprochait de la capitale, dont la forme se précisait. Morane pouvait apercevoir à présent le réseau noir des rues, détailler les édifices et, quand il les survola, y mettre un nom. À sa gauche, il reconnut la masse rébarbative et grise de la prison où lui et Claude avaient été enfermés et, sur la droite, ce qu’il supposa être le palais gouvernemental, grande bâtisse blanche, de style vaguement géorgien et entourée de spacieux jardins.

Au-delà du port, Bob repéra l’étendue roussâtre du champ d’aviation accoté à la mer. Sur l’aire d’atterrissage, une dizaine de petites croix grises marquaient l’emplacement des avions posés au sol.

Le Catalina volait maintenant à basse altitude et Morane pouvait détailler à son aise les appareils, des Mosquito, des Spitfire et des Lightning, comme l’avait déclaré Pablo Cabral. Ils étaient alignés en rang d’oignons sur le champ, et Bob en compta onze exactement. Pourtant, Cabral avait parlé de douze avions. Où donc se trouvait le douzième ? Dans un hangar peut-être. Bob ne le croyait pas car on n’était pas à la saison des pluies et le personnel du champ ne devait guère perdre de temps à rentrer les appareils. Ceux alignés en plein air en fournissaient une preuve évidente.

Bob se demandait comment, sans bombes, sans canon, il pourrait parvenir à détruire la petite escadre aérienne de Gomez. Il tournait en rond autour du champ d’atterrissage, à la recherche d’un détail quelconque qui lui permettrait de mettre son plan à exécution. Déjà, il craignait que son manège ne parût bizarre à ceux d’en bas, quand il remarqua, juché sur une petite éminence artificielle, au bord même du terrain, un énorme réservoir, d’où partaient plusieurs pipe-lines. Bob connaissait ce genre de réservoir. « Ce truc-là doit contenir des tonnes d’essence, songea-t-il, ou je ne m’y connais guère… » Aussitôt, il se mit à rire doucement, car il venait de trouver le moyen de détruire d’un seul coup la petite aviation militaire de Gomez.

Sur le terrain, des formes humaines étaient apparues et Morane voyait les petites taches pâles des visages levés vers lui. Le manège de l’hydravion devait commencer à paraître insolite, et Bob jugea qu’il était temps de l’interrompre puisque, de toute façon, il croyait avoir trouvé la solution qu’il cherchait.

Pointant le nez du Catalina vers le rio, il s’apprêtait à prendre le chemin du retour quand, soudain, sur la gauche, un point noir apparut dans le ciel, grossissant rapidement.

Bob n’eut aucune peine à y mettre un nom. « Le douzième chasseur, pensa-t-il. Il avait pris l’air et voilà qu’à présent il me tombe dessus… » Une sueur froide lui perlait aux tempes. Le chasseur en question était un Spitfire, et le Catalina n’était ni armé, ni assez maniable pour entrer en lutte avec lui.

Telle une monstrueuse mouche grise, le chasseur tournait à présent autour de l’hydravion, sans faire mine toutefois d’attaquer.

— Mais va-t-il se décider ? murmura Bob. Va-t-il se décider ?

Il fixait avec angoisse les ailes du Spitfire, s’attendant à chaque instant à voir jaillir la flamme des canons. Mais rien ne se passa. Après avoir bouclé un dernier tour sur le Catalina, le chasseur s’éloigna, filant en direction du terrain.

Morane gonfla ses poumons d’air et se détendit. Sans doute le pilote du Spitfire avait-il simplement reconnu l’hydravion du président, et il avait voulu le saluer par quelques virevoltes.

Une demi-heure plus tard, le Catalina était revenu à son point de départ et se posait sur l’eau du marais, à proximité des cabanes de Pueblo Bolivar.

Quand Bob prit pied sur l’étroite plate-forme entourant l’habitation centrale, l’oncle Pierre, Claude, Pablo Cabral et Lobo l’y attendaient. Ils ne lui posèrent aucune question mais, sur leurs visages, une curiosité intense se lisait, doublée d’une vague inquiétude. Bob les rassura aussitôt.

— Je crois avoir trouvé le moyen de faire se volatiliser les avions de Gomez, dit-il. Il me faudra seulement des cartouches de dynamite. Avec un peu de chance, ce soir même, l’aviation du tyran s’en sera allée en fumée.

Il se tourna vers Lobo et demanda :

— Avez-vous des cartouches de dynamite ici, à Pueblo Bolivar ?

Le géant eut un signe affirmatif.

— Nous en avons, dit-il, et une bonne provision encore, car nous nous en servons couramment pour pêcher.

— Tout est pour le mieux. Il faut lier ces cartouches par bottes de douze. Une dizaine de bottes en tout, que nous disposerons en étoile, neuf d’entre elles étant reliées, par des cordes longues de plusieurs mètres, à une botte centrale. Les mèches de chaque botte devront être réunies l’une à l’autre par un cordon Bickford, de façon à ne nécessiter qu’un seul allumage par botte.

Pablo Cabral paraissait soucieux.

— Etes-vous certain de réussir ? interrogea-t-il.

La réponse de Morane ne vint pas aussitôt. Il savait quel espoir il faisait naître dans l’esprit des patriotes, et il ne voulait pas les décevoir. Pourtant, il n’était lui-même pas absolument sûr de la réussite et il se demandait si une affirmation de sa part ne serait pas prématurée. Aussi fut-ce avec une certaine surprise qu’il s’entendit dire :

— Oui, Pablo, je suis certain de réussir.

Un éclair de joie, très bref, brilla dans les prunelles sombres de Cabral.

— C’est très bien, dit ce dernier. Dans une heure, Lobo et ses hommes se mettront en route pour le poste militaire du Santa-Anna, qu’ils attaqueront par surprise au cours de la nuit. À ce moment, comme vous nous l’assurez, señor Morane, les avions de Gomez seront détruits, et notre insurrection aura quelque chance d’aboutir.

L’oncle Pierre et Claude continuaient à regarder Morane avec curiosité. Finalement, le premier demanda :

— Comment comptez-vous procéder exactement, Bob ? J’avoue ne comprendre goutte à votre histoire de cartouches de dynamite disposées en étoile.

Bob sourit. Parfois, il aimait ainsi entourer les choses d’un peu de mystère.

— Avez-vous déjà joué au billard ? interrogea-t-il.

— Bien sûr. Mais je ne vois pas…

Morane feignit ignorer la dernière phrase de son interlocuteur.

— Et bien c’est ce que je vais faire, jouer au billard sur le champ d’aviation de Zambara et bousiller les chasseurs par la bande.

— Nous voudrions voir cela, fit Claude.

— Il vous suffira de m’accompagner. Vous pourrez assister à un joli feu d’artifice.

Et, en lui-même, il songeait : « Pourvu que le réservoir soit bien rempli d’essence !…»

 

**

 

Le lourd hydravion avait repris le chemin de Cuidad Porfirio mais, cette fois, Morane n’était plus seul à bord, car l’oncle Pierre, Claude et Pablo Cabral l’accompagnaient. Les quatre hommes étaient armés de mitraillettes Thompson, de revolvers et de cartouches de dynamite qui, en cas de besoin, pourraient faire office de grenades. En effet, au cas où le plan de Bob échouerait, celui-ci poserait le Catalina sur le ventre à proximité des avions de chasse, les quatre hommes s’élanceraient vers ceux-ci et les feraient sauter l’un après l’autre. Pourtant, Morane n’acceptait cette solution que comme un pis aller. Elle comportait en effet trop d’aléas car, après la destruction des appareils, il faudrait compter avec les troupes gardant l’aérodrome.

Déjà l’après-midi était fort avancée quand Cuidad Porfirio se détacha à l’horizon, dans un demi-crépuscule. Exprès, Bob avait choisi d’agir tard pour être ainsi certain que tous les chasseurs auraient regagné leur base.

Tout de suite, le Catalina se dirigea vers le champ d’aviation. Les douze appareils étaient là, au grand complet, en bordure de l’aire d’atterrissage. Un peu plus loin, sur son éminence, on distinguait la lourde masse du réservoir. Alors seulement, Bob remarqua, sur le toit des bâtiments, plusieurs mitrailleuses anti-aériennes en batterie, menaçant le ciel.

« Mon manège de tout à l’heure leur aura paru étrange, pensa Morane, et à présent ils s’apprêtent à m’envoyer quelques bonnes giclées de cuivre et de plomb à la moindre manœuvre suspecte. » Il haussa les épaules et cria à ses compagnons :

— Tenez-vous prêts ! J’amorce le virage.

Le Catalina s’inclina sur l’aile, descendit en rase-motte et se dirigea, presque en perte de vitesse, vers le réservoir. « Pourvu qu’il soit bien rempli d’essence, pensa encore Bob. Pourvu qu’il soit bien rempli d’essence… »

La porte de l’appareil avait été ouverte et, rapidement, Claude, l’oncle Pierre et Cabral allumaient les mèches.

Devant le nez de l’hydravion, le réservoir se détacha, masse carrée et sombre sur le ciel.

— Larguez tout ! hurla Bob.

Les bottes de cartouches furent jetées dans le vide et, reliées entre elles, s’écartèrent et tournoyèrent en roue. Presque au même instant, une longue série de crépitements, dominant le bruit des moteurs, déchira l’atmosphère. « Les mitrailleuses », songea Bob.

Derrière le Catalina, il y eut une énorme explosion. Les cartouches de dynamite, disposées en une vaste étoile dans le but de couvrir un plus large espace sans cependant pouvoir se disperser, avaient touché le réservoir qui, éventré par la déflagration, laissait à présent échapper un gigantesque flot d’essence enflammée. Ce flot dévala la pente de l’éminence et, véritable déluge d’enfer, atteignit la ligne des avions qui, aussitôt, se mirent à flamber comme des torches.

— Victoire ! hurla Morane en accompagnant cette exclamation d’une sorte de cri indien intraduisible en signes graphiques.

Pourtant, sa joie fut de courte durée. Un des moteurs du Catalina se cala net et un jet d’huile vint éclabousser le plexiglas de la coupole avant.

— Que se passe-t-il ? demanda Cabral en faisant irruption dans le poste de commandes.

— Nous avons du plomb dans l’aile, fit Bob.

Et, comme il parvenait difficilement à gouverner l’appareil, il continua :

— Je crois même que nous sommes salement touchés !

Le Catalina tanguait dangereusement, et Bob vit le moment où il ne répondrait plus aux commandes.

— Nous allons devoir nous poser quelque part, dit-il.

Mais il ne pouvait être question de gagner la mer, à laquelle on tournait le dos, et le fleuve était trop éloigné. Il allait donc falloir faire un atterrissage sur le ventre. Mais où ? D’un côté, c’était la forêt et, de l’autre, la ville.

Cabral tendit le bras vers un point du sol.

— Là-bas, dit-il.

Il désignait le palais présidentiel, dont les vastes jardins offraient, sinon une aire d’atterrissage idéal, tout au moins la possibilité de s’en tirer sans trop de mal. Bob profita de ce que l’appareil lui obéissait encore pour le tourner en direction des jardins. Le Catalina était à présent complètement en perte de vitesse et, avec un peu de chance, Morane pouvait réussir à l’« asseoir » au sol. Il se tourna vers ses compagnons et cria :

— Agrippez-vous solidement là-dedans. Nous allons être secoués !

Le lourd hydravion s’approchait du sol suivant un angle de quarante-cinq degrés. Au moment de l’impact, Bob le redressa et il tressaillit dans toutes ses membrures à l’instant où sa coque toucha le sol. Il glissa longuement sur le sol, fauchant la végétation sur son passage et roulant de droite et de gauche comme un vaisseau pris dans la houle. Jambes tendues, mains crispées aux commandes, Morane attendit le choc. Une des ailes heurta le tronc d’un gros macondo, et l’appareil tout entier pivota sur lui-même, faillit capoter, puis s’immobilisa.

Il y eut de longues secondes de stupeur puis Bob se dressa, jaillit du poste de pilotage et demanda :

— Personne n’a de mal ?

L’oncle Pierre, Claude et Pablo Cabral se relevèrent, indemnes en apparence. Seul, Pablo, portait une légère blessure au front, d’où coulait un peu de sang.

— Prenons nos armes et sortons, fit Bob. L’appareil pourrait s’enflammer et, alors, nous serions grillés comme de vulgaires marrons.

Par chance, la porte ne s’était pas bloquée. Mitraillette au poing, les trois hommes bondirent au-dehors et s’éloignèrent en toute hâte du Catalina. À peine avaient-ils parcouru cent mètres qu’une grande flamme en jaillit et, bientôt, l’hydravion tout entier ne fut plus qu’un brasier ardent, dont les lueurs éclairaient crûment les grands jardins sur lesquels tombait rapidement le crépuscule.

— Nous sommes sortis à temps, fit remarquer l’oncle Pierre.

Claude hocha la tête.

— Heureusement que nous avons laissé les sacs contenant le trésor à Pueblo Bolivar, dit-il, sinon…

Mais Morane lui coupa la parole.

— C’est bien le moment de penser au trésor. Nous sommes dans le pétrin jusqu’au cou, et il va falloir nous en sortir en vitesse. Songez que nous nous trouvons dans l’enceinte du palais présidentiel, donc en plein dans la gueule du loup. D’ici quelques secondes, ces jardins vont grouiller de policiers, et, alors, nous n’aurons guère la partie belle.

— Bob a raison, trancha l’oncle Pierre. Nous nous sommes posés ici parce que nous n’avions pas le choix. Maintenant, il nous faut nous éloigner au plus vite.

Cependant, un peu partout dans les jardins, des appels retentissaient et il devenait difficile de choisir une direction précise par où fuir sans courir le risque de tomber sur une troupe de gardes. Bob désigna le palais, dont la grande masse claire se découpait entre les arbres.

— Filons de ce côté, dit-il.

Mais Cabral posa la main sur son bras.

— Non, dit-il, les policiers gardant le palais doivent se diriger dans cette direction. Allons plutôt du côté de la maison de don Porfirio. Comme celui-ci est absent, il y a beaucoup de chances pour qu’elle ne soit pas surveillée.

Il montrait, au fond des jardins, une construction à balustres, surmontée d’une tour carrée tenant à la fois du belvédère et du mirador. Aucune lumière ne semblait y briller.

Les voix se rapprochaient.

— Cachons-nous, dit l’oncle Pierre, sinon nous allons être découverts.

Les quatre hommes se dissimulèrent derrière des bosquets de bougainvillées et, courbés à toucher presque le sol du front, ils se mirent à courir dans la direction indiquée par Cabral. Tous ensemble, ils atteignirent la maison de don Porfirio mais, au-delà, de nouveaux bruits de voix se faisaient entendre.

Morane et ses compagnons devinèrent qu’ils seraient vite cernés. Pour le moment, on ne devait sans doute pas encore les avoir repérés, mais cela ne tarderait guère à présent. À quatre, malgré leurs armes, ils ne pouvaient espérer résister victorieusement à des ennemis supérieurs en nombre et sans doute bien décidés à les capturer, morts ou vifs.

— La maison, cria Morane. C’est notre seule chance.

D’un unique élan, ils bondirent en avant mais, au moment où ils allaient atteindre le perron, la porte s’ouvrit et un homme apparut, revolver au poing. Ce n’était pas un policier, ni un soldat, mais plutôt un domestique.

Devant les mitraillettes braquées, il hésita à se servir de son arme, comprenant sans doute que, s’il réussissait à abattre un des quatre hommes, les trois autres, eux, ne le manqueraient pas à leur tour. Déjà, Morane avait compris son hésitation.

— Jette ton arme, dit-il. Surtout, ne résiste pas, et il ne t’arrivera aucun mal.

L’homme marqua une brève réticence, puis il laissa tomber son revolver sur le sol. Bob le ramassa et dit encore :

— Maintenant, marche devant.

Du canon de sa mitraillette, il indiquait la porte de la maison. Le domestique tourna aussitôt les talons et entra, suivi par Morane et ses compagnons. L’oncle Pierre, qui venait le dernier, poussa la porte, qui se révéla blindée à l’intérieur, et fit claquer les énormes verrous.

Ils se trouvaient dans un vaste hall, décoré et meublé avec un goût douteux, un luxe tapageur. Pourtant, malgré cela, il faisait aux quatre hommes l’effet d’un havre accueillant. Claude se laissa tomber en arrière dans un fauteuil et poussa un soupir de soulagement.

— Nous voilà provisoirement en sécurité, dit-il.

— Pas encore, fit Bob.

Au-dehors, des pas crissaient sur les marches du perron. Morane s’avança vers le domestique.

— Si l’on vient et qu’on vous interroge, dit-il à voix basse, dites que vous êtes seul et que vous n’avez vu personne.

En parlant, il appuyait le canon de sa mitraillette contre l’estomac de l’homme. Celui-ci dut comprendre qu’il avait tout à gagner à obéir aux ordres du Français, car il hocha la tête d’avant en arrière, en signe de soumission.

À ce moment, des coups ébranlèrent la porte.

L'héritage du flibustier
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